Dans plusieurs régions de l’Afrique, les personnes vivant avec l’albinisme sont soupçonnées d’avoir des os qui contiennent des propriétés magiques. Des conceptions erronées persistent que les parties du corps des personnes vivant avec l’albinisme apportent fortune et bonne santé. La recherche nous informe qu’un cadavre pourrait valoir jusqu’à 75.000 $ sur le marché noir, ce qui pousse certains membres de famille à être complices. Ce mythe a déclenché une recrudescence des décès des personnes albinos à travers le continent.

Selon les rapports, depuis le début du nouveau millénaire, il y a eu 422 attaques signalées dont 162 meurtres documentés de personnes atteintes d’albinisme et 260 cas de personnes disparues, d’agressions, de mutilations, de viols, de tentatives d’enlèvement, de violence grave et d’autres actes de violence. Au moins deux personnes atteintes d’albinisme ont été déjà tués au Malawi en 2016 tandis que cinq autres sont portées disparues.

Comme pour la plupart des communautés stigmatisées, les femmes et les filles atteintes d’albinisme sont principalement sensibles à la discrimination qui les laisse isolées. Il y a des cas où les mères d’enfants atteints d’albinisme sont également persécutées pour avoir simplement mis au monde un enfant atteint d’albinisme. Des études montrent que les femmes et les filles atteintes d’albinisme sont susceptibles d’éprouver plus de violence sexuelle à la suite de mythes persistants. Dans des pays comme le Zimbabwe, on dit même que cela guérit le VIH/SIDA. Les filles marginalisées atteintes d’albinisme sont touchées et puis affectées émotionnellement, physiquement et psychologiquement à tel point qu’elles grandissent dans une société qui ne tolère pas leur existence. Les risques comprennent une faible estime de soi et un manque de confiance, l’abandon scolaire, s’isoler de leurs camarades de classe, de la famille et de la communauté. Ces violations contre les personnes vivant avec l’albinisme constituent une violation des droits fondamentaux de l’homme, tels qu’énumérés dans la Déclaration universelle des droits de l’homme adoptée par l’Assemblée générale de l’ONU. L’article 2 de la DUDH stipule que « chacun peut se prévaloir de tous les droits et de toutes les libertés proclamés dans la présente Déclaration, sans distinction aucune, notamment de race, de couleur, de sexe, de langue, de religion, d’opinion politique ou de toute autre opinion, d’origine nationale ou sociale, de fortune, de naissance ou de toute autre situation » tandis que l’article 3, reconnaît le fait que «tout individu a droit à la vie , à la liberté et à la sûreté de sa personne ».

De récents rapports sur des attaques, des enlèvements, des exhumations du cimetière et des meurtres continus de personnes atteintes d’albinisme au Malawi ont particulièrement soulevé des préoccupations. Bien que certains pays aient montré la volonté politique de mettre fin à la violence contre les personnes atteintes d’albinisme, cela n’est malheureusement pas traduit en action. Urgent Action Fund-Africa (UAF-Africa) a octroyé une subvention d’intervention rapide à Disabled Women in Africa (Femmes handicapées en Afrique) en partenariat avec l’Association of Persons with Albinism in Malawi (l’Association des personnes atteintes d’albinisme au Malawi). Cette subvention  a permis ces deux groupes de mobiliser d’autres militantes et organisations des droits humains des femmes pour mettre en évidence les meurtres et la souffrance des femmes et des enfants vivant avec l’albinisme et demander des systèmes renforcés qui mettraient fin à cette persécution. Les deux organisations, leurs partenaires et leurs communautés sont en train de préconiser la modification de la Loi sur les personnes handicapées du Malawi pour inclure les questions de personnes atteintes d’albinisme.

 

UAF-Africa a auparavant soutenu une organisation au Malawi en 2015 pour organiser des réunions de sensibilisation communautaire sur la promotion des droits des albinos. Au Burundi, nous avons soutenu la recherche et la documentation dans le cadre de campagnes médiatiques visant à discréditer les mythes qui conduisaient à une augmentation de meurtres de personnes vivant avec l’albinisme dans le pays. En RDC, notre Fonds a accordé une subvention de protection à une femme défenseuse des droits humains des femmes (FDDHF), qui était menacée  en raison de son activisme et la défense des droits des albinos. Au Kenya, notre Fonds a soutenu le lancement d’« In my Genes» (Dans mes gènes), un film qui partage l’histoire positive d’une jeune femme albinos qui a surmonté les limites sociales attachées à l’albinisme.

UAF-Africa est consciente du fait que les conditions stigmatisées comme l’albinisme affectent différemment les hommes et les femmes, étant donné que les femmes et les filles sont davantage exposées aux aléas de la culture, du patriarcat et d’autres systèmes qui servent à asservir et déposséder les femmes de leur dignité, autonomie corporelle et de leur sécurité. C’est dans ce cadre que le Fonds préconise contre ces formes de torture et de violations en engageant les organisations et les communautés qui adoptent des approches à plusieurs volets pour lutter contre cette menace.