Soutenir les défenseurs

Les AWHRD continuent d’opérer dans un contexte africain difficile. Alors que nous connaissons un certain nombre de crises intenses, y compris des conflits armés, pour certaines communautés, des crises chroniques et à développement lent ont été normalisées. Des crises permanentes telles que la fermeture de l’espace civique ont naturellement pris forme pour renforcer l’oppression systémique. La « fermeture de l’espace civique » est une série de crises qui sont devenues la norme dans la façon dont les activistes vivent la réalité – la criminalisation persistante, l’adoption de lois qui rendent très difficile la réception de financements étrangers, et la persécution juridique des activistes et des groupes, entre autres – tout cela crée un contexte de crises persistantes. Cela signifie que les AWHRD sont particulièrement marginalisées et vulnérables en période de crise.

Ce paysage a entraîné une augmentation des attaques contre les défenseurs des droits des femmes et les activistes féministes, notamment des arrestations arbitraires, des décès, des disparitions forcées et des violences physiques, économiques et émotionnelles.  En tant que fonds féministe et militant, nous nous concentrons sur le bien-être et la sécurité des défenseurs des droits de l’homme et des militants féministes, en fournissant des ressources financières et techniques aux défenseurs qui sont en danger en raison de ce qu’ils sont et de leur militantisme. Notre soutien va au-delà de la sécurité physique des défenseurs et inclut la sécurité numérique, psychologique, économique, spirituelle et politique. Le soutien englobe le bien-être, les soins collectifs, la guérison et la régénération.  Nous fournissons également des ressources pour construire et renforcer le mouvement féministe africain, par exemple en soutenant des espaces d’apprentissage et de partage des capacités entre les mouvements.

La gouvernance des ressources naturelles, le changement climatique et la justice sociale interagissent de manière circulaire et les droits des femmes sont au cœur de cette interaction. Les femmes jouent un rôle essentiel dans la gestion et le contrôle des ressources naturelles telles que la terre. En outre, les femmes jouent un rôle central dans les processus d’adaptation et d’atténuation du changement climatique en raison de leur relation extrêmement étroite avec les ressources naturelles et de leurs connaissances et compétences en matière d’adaptation de la production des ressources naturelles dans le respect de l’environnement. Notre optique féministe intersectionnelle reconnaît que les expériences des femmes dans la lutte contre l’extractivisme, les émissions de gaz nocifs, l’absence de propriété foncière, la privatisation de l’eau, les inondations, la déforestation, les sécheresses et toutes les calamités environnementales identifiables constituent un combat politique profondément lié à la réalisation de la justice économique des femmes, à l’éradication de la violence fondée sur le genre et à l’accès aux services de santé et de droits sexuels et reproductifs. Les défenseurs des droits des femmes qui résistent aux industries extractives et défendent les ressources naturelles sont confrontés à des taux de menaces et d’attaques disproportionnés. Nous nous engageons à travailler en partenariat avec des mouvements solides dirigés par des femmes qui défendent les besoins des femmes africaines et à créer de tels mouvements.   En outre, nous soutenons les initiatives qui donnent la priorité à la production et à la diffusion de connaissances, qui amplifient la voix des femmes de la base, qui éliminent les obstacles structurels au succès des mouvements féministes et qui apprécient la sécurité physique et le bien-être des défenseurs des droits de l’homme des femmes d’Afrique de l’environnement.

Justice économique

Notre action en faveur de la justice économique repose sur la philosophie suivante : lorsque les femmes bénéficient d’un accès égal et sans entrave aux ressources, aux opportunités, aux marchés et aux innovations, elles peuvent continuellement accroître leur capital intellectuel, social, politique et économique, ainsi que leur productivité et leur production. Notre position découle des tendances économiques qui ont privé les femmes africaines du contrôle des ressources économiques, qui ont nié la reconnaissance et la valorisation du travail de soin/productif et qui ont exclu les femmes du contrôle et de l’accès à la terre et aux ressources naturelles. Pour réaliser nos ambitions en matière de justice économique pour les femmes, nous travaillons avec des mouvements féministes autonomes, diversifiés et motivés pour remettre en question le pouvoir économique injuste, faire avancer le programme de justice économique pour les femmes, élargir l’accès aux ressources productives et aux opportunités pour les femmes, et changer les récits sur les capacités et les perspectives des femmes à prospérer en tant qu’entrepreneuses.

Engagement civique

Nous reconnaissons le rôle crucial que joue la participation civique dans le façonnement des sociétés démocratiques et la promotion des droits des femmes. Notre engagement civique vise à approfondir notre travail avec nos communautés, en veillant à ce que leurs voix soient entendues et en influençant activement les politiques et les pratiques. En renforçant les capacités des défenseurs des droits humains des femmes africaines (AWHRD) par le biais de la participation civique, nous favorisons des environnements où les femmes peuvent exercer leurs droits et les défendre efficacement, en remettant en question les structures oppressives et en plaidant en faveur du changement.

Violence fondée sur le genre (GBV)

La violence sexiste en Afrique reste un problème profondément enraciné et omniprésent qui a des répercussions importantes sur les droits des femmes sur tout le continent. Diverses formes de violence, notamment physique, sexuelle, psychologique et économique, persistent et ont un impact négatif sur la vie des femmes, contribuant notamment au cycle de la violence fondée sur le genre. L’activisme et les identités des AWHRD constituent un acte de remise en question des normes rétrogrades en matière de genre et, par conséquent, elles subissent une violence structurelle, directe et sanctionnée par l’État à un taux plus élevé. En reconnaissant que la violence fondée sur le genre est enracinée dans les normes patriarcales qui jouent un rôle important dans la perpétuation des inégalités structurelles, nous soutenons les initiatives qui visent à transformer le pouvoir oppressif et à remettre en question les normes traditionnelles néfastes qui sont utilisées pour maintenir le statu quo et la hiérarchie des identités de genre. La violence interpersonnelle et structurelle implique la priorité des masculinités hégémoniques sur les droits des autres identités de genre. Nous croyons et soutenons les initiatives qui catalysent le changement, confrontent et démantèlent les causes profondes de la violence fondée sur le genre.

Santé, droits et justice en matière de sexualité et de procréation (SRHRJ)

Notre travail dans le domaine des droits sexuels et reproductifs est ancré dans la reconnaissance de l’histoire de l’oppression et des abus en matière de sexualité et de reproduction. Notre approche reconnaît que l’accès des femmes au SRHRJ est façonné par une combinaison de facteurs sociaux, économiques et politiques qui créent des expériences uniques de pouvoir, de privilège, de discrimination et d’oppression. Nous reconnaissons que le corps des femmes est le lieu d’une contestation patriarcale pour la domination et le contrôle, notant que les AWHRD sont particulièrement vulnérables aux attaques lorsqu’elles défendent les droits associés aux SRHRJ.   Nous soutenons les stratégies innovantes des collectifs de femmes et des groupes non conformes au genre qui visent à préserver leur autonomie et leur intégrité corporelles. Notre soutien est fondé sur la construction et l’organisation de mouvements visant à modifier les inégalités de pouvoir structurelles qui permettent des oppressions diverses sur des corps différents par le biais de normes culturelles négatives et de constructions binaires du genre et de la sexualité dans le cadre de relations de pouvoir inégales. Nous soutenons les initiatives qui remettent en question les normes qui favorisent l’hétéronormativité, les avortements forcés, les violences sexuelles et le contrôle de la santé génésique et du corps des femmes.